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Lectures analytiques de français pour le bac de première ES/S.


Art - Yasmina Reza

Publié le 6 Juillet 2019, 11:48am

Catégories : #Séquence 4 : Comédie

 

Mouvement : pièce de théâtre moderne qui s’affranchit des règles de théâtre classiques

  • Décors et dialogue minimalistes, très simple

  • Critique de la société actuelle grâce au théâtre : 2 hommes d’un milieu bourgeois discutant d’art

Auteur : Yasmina Rezca est une dramaturge française du XXème siècle. Après des études de sociologie et un diplôme d’étude théâtrale, elle suit une formation de comédienne qui la conduit à ses premiers rôles et ses premières mises en scène. Ses pièces mettent souvent en scènes des personnages contemporains dont elles reflètent les défauts et le ridicule. Sa 1ère pièce « Conversation après un enterrement » suivi par « Art » connaissent un succès international. Depuis ces œuvres ont été adaptés en plus de 35 langues et produites dans des théâtres de renom.

Résumé : « Art » est une pièce qui raconte l’histoire de Serge, il a acheté une toile extrêmement chère dont son ami Marc ne supporte pas le prix et ne comprend pas l’intérêt. Leur ami commun, Yvan, va devoir intervenir comme médiateur.

  1.  Une scène d’exposition 

 

  1. Originalité 

 

  • Pas d’indication, de scène, d’acte. Les scènes sont découpés par des tableaux, astérisques (*)

  • Alternance de monologues et de dialogues et importance des silences.

  • Recours à une analepse: procédé assez rare au théâtre, surtout dans l’exposition l.13 à 14.

 

  1. La présentation des personnages

 

  • Les personnages sont identifiés par leurs prénoms :

    • Devant chaque répliques 

    • Dans les paroles des personnages : « Mon ami Serge a acheté un tableau » l.2

    • Dans les didascalies : « Chez Serge » l.12 ou « Serge regarde Marc qui regarde le tableau » l.17.

 

  • Nous découvrons leur relation :

    •  3 occurrences du mot « ami » l.2 et 6 + « depuis longtemps » l.62 qui marque la durée 

    • Le monologue final de Serge confirme cette situation amicale : « Mon ami Marc (…) garçon que j’estime depuis longtemps. » l.50-51.

    • Les didascalies qui amènent un silence, expriment la communication non verbale qui existe en amitié.

 

  • Le statut social et professionnel est précisé : 

    • Marc nous révèle que Serge est un dermatologue : « C’est un garçon qui a bien réussi, il est médecin dermatologue et il aime l’art » l.11

    •  L’aisance financière de Serge est suggérée par le prix du tableau : 200 000 franc

    •   Idem pour Marc : « belle situation » l.51

    • Symétriquement, Serge présente Marc comme « ingénieur dans l’aéronautique » l.51-52

➡️ Les deux personnages appartiennent à un classe sociale aisée, bourgeoisie.

 

  • La proximité entre les personnages est établi depuis le début de la pièce : tout est fait pour montrer qu’ils sont extrêmements proche et interchangeable : personnages dans la même pièce avec peu de contraste, et qui se ressemblent.

 

  1. Le cadre spatio-temporel

 

  • Cette scène d’exposition présente le cadre de l’action.

    • Didascalie initiale : « Le salon d’un appartement » l.2. 

      • La pièce se déroule dans un lieu intérieur/privé peu personnalisé  : « le plus dépouillé, le plus neutre possible » l.2

    • Le principal élément décoratif sera le tableau acheté par Serge et qui est au centre du dialogue entre les deux hommes : « Le salon d’un appartement (…) l’œuvre de peinture exposée. » l.4

 

  • Elle présente également l’époque contemporaine par : 

    • Les costumes des personnages qui sont élégants et courants.

    • Le décor dépouillé et sobre

    • L’utilisation de francs l.44

    • Métiers modernes et contemporains : dermatologue et ingénieur aéronautique.

    • La modernité du langage : « Il faut que le marché circule » l.34

 

  1. L’intrigue

 

La scène d’exposition nous éclaire sur l’intrigue qui va se dérouler :

  • La description du tableau par sa monochromie « blanc avec des liserés blancs » l.13 et ses dimensions l.3-4. Ceci va devenir le sujet de conversation. On comprend que l’histoire va tourner autour de l’art (cf. Le titre)

  • La pièce repose sur un conflit par rapport à un tableau : ils ne sont pas d’accord sur le contenu, son prix, sa valeur l.19.21 

    • Evolution de la tonalité : d'un vocabulaire appartenant à la complicité et l'admiration vers un vocabulaire beaucoup plus jugeant.

 

➡️ Cette scène d’exposition reprend donc les codes habituels pour informer le lecteur / spectateur dès le lancement de l’histoire. L’autre fonction qui consiste à intéresser le lecteur en le rendant curieux de la suite est aussi bien respecté, puisqu’on s’interroge sur la façon dont va évoluer leur amitié.

 

  1. Une scène comique

 

  • De la comédie dans le langage

 

  • Comique de mot :

    • Stichomythie : réplique courte qui donne du rythme.

    • Anthitèse : « merde » / « Deux cents mille » l.48  -> rien à voir

    • Ironie de Marc pour parler de Serge :

  • «  il aime l'art », le mot est en italique -> suggère une part d'ironie et donc de supériorité chez Marc.

  • Idem pour Serge qui dit que « Marc fait partie de ces intellectuels nouveaux (...) ennemis de la modernité » l.53

    • « Tableau » est remplacé par « cette merde » l.48

    • « Antrios » l.40, 45 est un peintre fictif, prestigieux et connu. Il est mis en avant par son écrit en majuscule et contraste totalement avec « cette merde ».

 

  • « Handtington » et « Antrios » sont répétés par Serge. Il amplifie, fait sonner ces noms propres et leur donne de l’importance.

      • Toute l’amplification utiliser par Serge pour magnifier le tableau est réduit à rien par les propos de Marc : « Connu ? » l.41 , « merde » l.48

 

  • Comique de répétition : 

    • Répétition du mot « blanc » : absurdité du tableau.

    • Somme du tableau : « Deux cent mille » : montre l’étonnement.

    • Noms propres : « Handtington », « Antrios ».

 

  • Contraste avec les monologues en début (Marc) et en fin (Serge) de scène: 

    • Le langage soutenu est dans les monologues : les syntaxes sont longues, complètes et construites (l. 50 à 54), le vocabulaire est soutenu : « estime » l.51, « intellectuel » l.52, « vanité incompréhensible » l.54

    • Le dialogue est familier :

  • Mots familiers : « merde », « ouais »

        • Phrases épileptiques : phrases incomplètes, non verbales dont le sens est sous-entendu 

          • « cher » l.22

          • « connais pas » l.28

          • « deux cents milles » l.23, 24 (l’absence d’unité est familier) 

          • « connus ? » l.41

          • « comment s’appelle le… » l.39 ➡️ Marc refuse de l’appeler en temps que "peintre"

 

  • Le langage utilisé est telle qu’on le parle au quotidien.

 

      • Seuls, les personnages sont posés, réfléchies et développent leurs idées.

      • Le changement de rythme est très important et crée un effet comique.

 

  •  Comique de geste :

 

  • Jeux de regard :

  • « Serge regarde, réjoui, son tableau. Marc regarde le tableau. Serge regarde Marc qui regarde le tableau.» l.18-20

  • « Tu n'es pas bien là. Regarde-le d’ici. Tu aperçois les lignes ?» l.38 : Les deux adverbes de lieu, « là » et « ici » donnent un rythme à la phrase. Sur scène, elles s’accompagnent de geste, et le déplacement de deux personnages, devant un tableau blanc ➡️ certainement comique.


 

  • Comique de situation :

 

  • « Peinte en blanc » l.8:  L’info la plus importante sur le tableau est inattendue, et surprenante. Cela a un effet comique sur le lecteur.

 

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