Mouvement : pièce de théâtre moderne qui s’affranchit des règles de théâtre classiques
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Décors et dialogue minimalistes, très simple
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Critique de la société actuelle grâce au théâtre : 2 hommes d’un milieu bourgeois discutant d’art
Auteur : Yasmina Rezca est une dramaturge française du XXème siècle. Après des études de sociologie et un diplôme d’étude théâtrale, elle suit une formation de comédienne qui la conduit à ses premiers rôles et ses premières mises en scène. Ses pièces mettent souvent en scènes des personnages contemporains dont elles reflètent les défauts et le ridicule. Sa 1ère pièce « Conversation après un enterrement » suivi par « Art » connaissent un succès international. Depuis ces œuvres ont été adaptés en plus de 35 langues et produites dans des théâtres de renom.
Résumé : « Art » est une pièce qui raconte l’histoire de Serge, il a acheté une toile extrêmement chère dont son ami Marc ne supporte pas le prix et ne comprend pas l’intérêt. Leur ami commun, Yvan, va devoir intervenir comme médiateur.
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Une scène d’exposition
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Originalité
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Pas d’indication, de scène, d’acte. Les scènes sont découpés par des tableaux, astérisques (*)
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Alternance de monologues et de dialogues et importance des silences.
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Recours à une analepse: procédé assez rare au théâtre, surtout dans l’exposition l.13 à 14.
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La présentation des personnages
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Les personnages sont identifiés par leurs prénoms :
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Devant chaque répliques
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Dans les paroles des personnages : « Mon ami Serge a acheté un tableau » l.2
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Dans les didascalies : « Chez Serge » l.12 ou « Serge regarde Marc qui regarde le tableau » l.17.
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Nous découvrons leur relation :
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3 occurrences du mot « ami » l.2 et 6 + « depuis longtemps » l.62 qui marque la durée
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Le monologue final de Serge confirme cette situation amicale : « Mon ami Marc (…) garçon que j’estime depuis longtemps. » l.50-51.
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Les didascalies qui amènent un silence, expriment la communication non verbale qui existe en amitié.
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Le statut social et professionnel est précisé :
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Marc nous révèle que Serge est un dermatologue : « C’est un garçon qui a bien réussi, il est médecin dermatologue et il aime l’art » l.11
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L’aisance financière de Serge est suggérée par le prix du tableau : 200 000 franc
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Idem pour Marc : « belle situation » l.51
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Symétriquement, Serge présente Marc comme « ingénieur dans l’aéronautique » l.51-52
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➡️ Les deux personnages appartiennent à un classe sociale aisée, bourgeoisie.
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La proximité entre les personnages est établi depuis le début de la pièce : tout est fait pour montrer qu’ils sont extrêmements proche et interchangeable : personnages dans la même pièce avec peu de contraste, et qui se ressemblent.
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Le cadre spatio-temporel
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Cette scène d’exposition présente le cadre de l’action.
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Didascalie initiale : « Le salon d’un appartement » l.2.
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La pièce se déroule dans un lieu intérieur/privé peu personnalisé : « le plus dépouillé, le plus neutre possible » l.2
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Le principal élément décoratif sera le tableau acheté par Serge et qui est au centre du dialogue entre les deux hommes : « Le salon d’un appartement (…) l’œuvre de peinture exposée. » l.4
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Elle présente également l’époque contemporaine par :
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Les costumes des personnages qui sont élégants et courants.
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Le décor dépouillé et sobre.
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L’utilisation de francs l.44
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Métiers modernes et contemporains : dermatologue et ingénieur aéronautique.
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La modernité du langage : « Il faut que le marché circule » l.34
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L’intrigue
La scène d’exposition nous éclaire sur l’intrigue qui va se dérouler :
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La description du tableau par sa monochromie « blanc avec des liserés blancs » l.13 et ses dimensions l.3-4. Ceci va devenir le sujet de conversation. On comprend que l’histoire va tourner autour de l’art (cf. Le titre)
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La pièce repose sur un conflit par rapport à un tableau : ils ne sont pas d’accord sur le contenu, son prix, sa valeur l.19.21
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Evolution de la tonalité : d'un vocabulaire appartenant à la complicité et l'admiration vers un vocabulaire beaucoup plus jugeant.
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➡️ Cette scène d’exposition reprend donc les codes habituels pour informer le lecteur / spectateur dès le lancement de l’histoire. L’autre fonction qui consiste à intéresser le lecteur en le rendant curieux de la suite est aussi bien respecté, puisqu’on s’interroge sur la façon dont va évoluer leur amitié.
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Une scène comique
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De la comédie dans le langage
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Comique de mot :
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Stichomythie : réplique courte qui donne du rythme.
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Anthitèse : « merde » / « Deux cents mille » l.48 -> rien à voir
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Ironie de Marc pour parler de Serge :
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« il aime l'art », le mot est en italique -> suggère une part d'ironie et donc de supériorité chez Marc.
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Idem pour Serge qui dit que « Marc fait partie de ces intellectuels nouveaux (...) ennemis de la modernité » l.53
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« Tableau » est remplacé par « cette merde » l.48
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« Antrios » l.40, 45 est un peintre fictif, prestigieux et connu. Il est mis en avant par son écrit en majuscule et contraste totalement avec « cette merde ».
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« Handtington » et « Antrios » sont répétés par Serge. Il amplifie, fait sonner ces noms propres et leur donne de l’importance.
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Toute l’amplification utiliser par Serge pour magnifier le tableau est réduit à rien par les propos de Marc : « Connu ? » l.41 , « merde » l.48
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Comique de répétition :
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Répétition du mot « blanc » : absurdité du tableau.
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Somme du tableau : « Deux cent mille » : montre l’étonnement.
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Noms propres : « Handtington », « Antrios ».
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Contraste avec les monologues en début (Marc) et en fin (Serge) de scène:
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Le langage soutenu est dans les monologues : les syntaxes sont longues, complètes et construites (l. 50 à 54), le vocabulaire est soutenu : « estime » l.51, « intellectuel » l.52, « vanité incompréhensible » l.54
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Le dialogue est familier :
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Mots familiers : « merde », « ouais »
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Phrases épileptiques : phrases incomplètes, non verbales dont le sens est sous-entendu :
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« cher » l.22
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« connais pas » l.28
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« deux cents milles » l.23, 24 (l’absence d’unité est familier)
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« connus ? » l.41
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« comment s’appelle le… » l.39 ➡️ Marc refuse de l’appeler en temps que "peintre"
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Le langage utilisé est telle qu’on le parle au quotidien.
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Seuls, les personnages sont posés, réfléchies et développent leurs idées.
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Le changement de rythme est très important et crée un effet comique.
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Comique de geste :
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Jeux de regard :
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« Serge regarde, réjoui, son tableau. Marc regarde le tableau. Serge regarde Marc qui regarde le tableau.» l.18-20
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« Tu n'es pas bien là. Regarde-le d’ici. Tu aperçois les lignes ?» l.38 : Les deux adverbes de lieu, « là » et « ici » donnent un rythme à la phrase. Sur scène, elles s’accompagnent de geste, et le déplacement de deux personnages, devant un tableau blanc ➡️ certainement comique.
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Comique de situation :
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« Peinte en blanc » l.8: L’info la plus importante sur le tableau est inattendue, et surprenante. Cela a un effet comique sur le lecteur.